M. Mamadou DIOUF, commissaire de l’exposition « Léopold Sédar Senghor et les arts : Réinventer l’universel », au musée du Quai Branly – Jacques Chirac. En présence de la Secrétaire générale de la Francophonie, Son Excellence Madame Louise Mushikiwabo.

Photo générale du 7 février 2023
Photo générale du 7 février 2023

Le Cercle Richelieu Senghor de Paris s’est réuni pour son premier dîner 2023 le mardi 7 février au restaurant des Sénateurs, autour du professeur Mamadou Diouf, Professeur à l’université Columbia de New-York et commissaire de la nouvelle exposition « Senghor et les arts : réinventer l’universel » au musée du Quai Branly-Jacques Chirac, avec une invitée d’honneur exceptionnelle : SE Mme Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie.

Étaient également présents : M. Mickaël VALLET Sénateur, SEM. Vijayen VALAYDON Ambassadeur de Maurice et Président du GAFF, M. Bruno FUCHS Secrétaire général parlementaire de la Francophonie, M. Slim KHALBOUS Recteur de l’AUF, M. Marc CLAIRBOIS Délégué général de Wallonie- Bruxelles, Mme Cynthia EID Présidente de la FIPF, M. Souleymane Bachir DIAGNE Universitaire et écrivain, M. Gérard BOSIO, ancien conseiller culturel du Président Léopold Sédar Senghor.

Le Président a rappelé les valeurs du Cercle, ainsi que son engagement à en faire une plateforme reflétant la francophonie des 5 continents, un espace de rencontre qui remet l’humain au centre des préoccupations et un lieu d’échange des cultures et des arts, chers à Senghor.

La Secrétaire Générale de la Francophonie a mis l’accent sur son engagement pour une francophonie de la diversité en rappelant son ambition d’animer le sentiment francophone à travers le monde. Elle a apprécié la pluralité géographique et culturelle des lauréats du Cercle : « Le point commun de tous vos invités est l’engagement en faveur de la langue française et du sentiment francophone. Le prix du Cercle Richelieu ne connaît pas de frontière (..) il a récompensé un Libanais, un Polonais, des Français. L’Afrique a été à l’honneur au dernier dîner à travers la lauréate de la dernière édition, la Malienne et Ivoirienne d’adoption Roukiatou Hampâté Bâ, qui perpétue la mémoire du grand conteur qu’a été son père, Amadou Hampaté Bâ et celle d’un patrimoine oral africain dont la richesse et la profondeur sont immenses et représente beaucoup dans la francophonie ».

Une manière de rappeler avec ferveur que nous devons, tous, comme le stipulait Senghor, continuer à perpétuer « le principe incontestable du mouvement de solidarité francophone ».

Le professeur Mamadou Diouf est intervenu ensuite dans un exposé magistral mettant en lumière le parcours impressionnant de Léopold Sédar Senghor et l’intérêt de l’exposition « Léopold Sédar Senghor et les arts » qui se tient du 7 février au 10 novembre 2023 au musée du Quai Branly. Ce fut l’occasion d’exposer les préoccupations du père de la négritude et de ses pairs autour de la réhabilitation de l’Afrique, de sa culture ancestrale, et de la place de l’Afrique dans le monde.

Il achève son discours avec cette belle citation qui réaffirme à quel point Senghor, francophile, était un défenseur de l’universalité : « La francophonie, c’est l’humanisme intégral qui se tisse autour de la terre».

Une valeur fondamentale que partage et véhicule le Cercle Richelieu Senghor depuis sa création il y a plus de 50 ans !


Alban Bogeat et Louise Mushikiwabo
Alban Bogeat et Louise Mushikiwabo

Présentation d’Alban Bogeat :

« Excellence, Madame la Secrétaire générale de la Francophonie,

M. le Sénateur,

Excellence, Monsieur l’Ambassadeur de Maurice, et Président du GAFF,

M. le Secrétaire général parlementaire de la Francophonie

M. le Recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie,

M. le Délégué général de Wallonie-Bruxelles,

Chers Membres du Cercle Richelieu Senghor,

Chers Amis du Cercle,

Je suis ravi de vous accueillir (nombreux !) pour ce premier dîner de l’année 2023. Nous recevons M. Mamadou Diouf, Professeur à l’université Columbia de New-York, et commissaire de l’exposition  « Léopold Sédar Senghor et les arts : Réinventer l’universel », inaugurée hier au musée du Quai Branly – Jacques Chirac. Et je remercie chaleureusement le professeur Diouf d’avoir bien voulu accepter notre invitation à l’occasion de son passage à Paris.

Notre rencontre, ce soir, revêt un caractère exceptionnel puisque nous avons l’honneur d’accueillir SE Mme Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie.

Avant de lui donner la parole, je voudrais présenter brièvement le Cercle Richelieu Senghor :

Le Cercle est un lieu d’échange et de réflexionsur la francophonie et le dialogue des cultures.

Il est accrédité auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie en tant qu’ONG partenaire.

Le Cercle a été créé en 1971, c’était une émanation des clubs Richelieu du Canada, à vocation caritative et francophone. En 1984, Léopold Sédar Senghor (devenu académicien) lui a accordé son parrainage, à la suite de quoi il a pris le nom de Cercle Richelieu-Senghor de Paris.

Dans sa lettre de parrainage, LS Senghor a exprimé le vœu que le Cercle soit placé « sous le signe de la Civilisation de l’Universel, que Pierre Teilhard de Chardin nous annonçait pour l’aube du 3ème millénaire ».

La voie est tracée, et depuis 5 ans je m’efforce de la suivre : je m’attache à ce que le Cercle reflète la francophonie des cinq continents, qu’il mette en lumière ses enjeux, notamment économiques, et soit un espace de rencontre, de mise en réseau, au service de la francophonie et de ses valeurs, faites de solidarité et d’humanisme, tout en étant ouvert aux arts et à la poésie, chère à L.S. Senghor.

Le Cercle organise un dîner-débat par mois ici-même, dans ce lieu emblématique auquel je tiens beaucoup. Nous bénéficions pour cela du parrainage de Mme la sénatrice Catherine Morin-Desailly, ancienne présidente de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, qui est excusée ce soir, retenue par un déplacement à l’étranger. Nos dîners abordent des sujets extrêmement variés, et je rappellerai seulement les thèmes des 2 derniers:

  • Novembre : un moment d’émotion avec la journaliste franco-iranienne Sarah Doraghi, qui avait choisi pour thème « Parler la langue de la Liberté »
  • Décembre, Mme Roukiatou Hampâté Bâ, venue d’Abidjan recevoir le Prix Richelieu Senghor, pour son action de sauvegarde et valorisation du patrimoine oral africain rassemblé par son père.

Le Cercle décerne, chaque année lors du dîner de décembre, le Prix Richelieu Senghor. Le lauréat est choisi par le comité du Prix, qui se compose de 3 membres permanents : la représentante de l’OIF, le représentant de TV5 Monde et moi-même, plus 3 membres renouvelés chaque année. Ce jury nous apporte année après année de belles révélations, etles lauréats viennent parfois de très loin :

J’ai déjà mentionné la lauréate 2022, Mme Roukiatou Hampâté Bâ, de Côte d’Ivoire.

En 2021, c’était M. Karl Akiki, Directeur du département de lettres françaises à l’Université St Joseph de Beyrouth,

En 2018, M. Jan Nowak, un enseignant polonais qui cherche à donner envie aux jeunes du monde entier d’apprendre le français par le théâtre.

En 2017, c’était la ministre-présidente de la Sarre, Mme Annegret Kramp-Karrenbauer pour son programme « Stratégie France », qui vise à former une génération bilingue allemand-français, le français étant la langue du voisin.

Il arrive aussi au comité du Prix d’honorer un Français… Ca a été le cas en 2019 avec M. Mickaël Vallet, pour son engagement francophone à la tête de la ville de Marennes, dont il était maire, avant de devenir sénateur.

Et pour terminer, je dirai que le Cercle ne serait rien sans la fidélité de ses membres, personnes physiques ou nos partenaires institutionnels : Délégation du Québec aux Affaires francophones et multilatérales, Délégation  générale de Wallonie-Bruxelles, TV5 Monde, Assemblée parlementaire de la Francophonie, IIF Lyon, Fédération Européenne des Ecoles, Le Cordon Bleu. »


Mamadou Diouf
Mamadou Diouf

Biographie de Mamadou Diouf :

Mamadou Diouf est le Leitner Professor d’études africaines (département des études sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique) et d’histoire (département d’histoire) Département des études sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique à l’Université Columbia, New York. Il a précédemment travaillé à l’Université du Michigan (2000-2007), au Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) et à l’Université Cheikh Anta Diop, au Sénégal.

Ses publications les plus récentes incluent les livres suivants :

  • The Arts of Citizenship in Africa. Spaces of Belonging (avec R. Fredericks, 2015) ;
  • Les arts de la citoyenneté au Sénégal. Espaces Contestés et Civilités Urbaines (avec F. Fredericks, 2013) ;
  • Tolerance, Democracy and the Sufis in Senegal, 2013);
  • Rhythms of the Afro-Atlantic: Rituals and Remembrances, (avec I. Nwankwo, 2010)
  • New Perspectives on Islam in Senegal: Conversion, Migration, Wealth, Power and Femininity (avec Mara Leichtman, 2009);
  • Déborder la Négritude, Arts, politique et société à Dakar » sur l’art plastique sénégalais contemporain (avec Maureen Murphy, 2020);
  • Africa N’Ko. La bibliothèque coloniale en débat/Debating (avec Mamadou Diawara et Jean-Bernard Ouesdraogo 2021).

Le professeur Diouf est membre du Global Thought Committee de l’Université de Columbia..

Il a été président du conseil d’administration du Social Science Research Council (SSRC), membre du comité scientifique international de la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme (FMSH, Paris, France) et ancien président du comité scientifique du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA).

Il est membre

  • du Michael C. Rockfeller Wing Visiting Committee du Metropolitan Museum of Art (New York),
  • du nouveau Scholarly Advisory Committee du Smithsonian Museum of African Arts (Washington DC).

Il est aussi membre du comité de rédaction de plusieurs revues professionnelles, dont Humanity and Comparative Studies of South Asia, Africa and the Middle East.


Louise Mushikiwabo
Louise Mushikiwabo

Allocution de Mme Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie :

« Monsieur le Président,

Messieurs les élus,

Messieurs les Représentants des États et gouvernements membres de la Francophonie,

Mesdames et Messieurs les membres du Cercle Richelieu-Senghor,

Chers représentants des institutions et opérateurs de la Francophonie,

Cher Professeur Mamadou Diouf,

Cher Professeur Souleymane Bachir Diagne,

Je suis très heureuse de prendre part pour la première fois à un dîner organisé par le Cercle Richelieu Senghor, association membre de la Conférence des OING de la Francophonie. La société civile joue un rôle très important dans la promotion de la langue française et des valeurs de la Francophonie, notamment grâce au dévouement et à l’engagement de ses membres, la plupart du temps des bénévoles, que je tiens à saluer.

Je suis persuadée que la francophonie gagnerait à sortir davantage des « cercles » parisiens, aussi prestigieux soient-ils, comme le Richelieu-Senghor. Paradoxalement, l’Organisation internationale de la Francophonie, demeure une grande inconnue en France. Et la société civile a un grand rôle à jouer pour que la population, à Paris et en province, et en particulier les jeunes, développent un sentiment d’appartenance à cette grande famille qui est mieux connue et reconnue à l’international qu’au sein du pays hôte.

Je dois à cet égard féliciter le Président, Alban Bogeat, et les membres du Bureau, pour les efforts du Cercle Richelieu Senghor afin de sortir justement des « cercles » habituels de la francophonie parisienne, et même de la Francophonie institutionnelle.

D’abord, par la diversité et la qualité des intervenants aux traditionnels dîners qui ont réuni, bien sûr, des politiques, des diplomates, mais aussi des journalistes, des écrivains et des artistes de différents continents, qui partagent l’engagement en faveur de la langue française.

Le Prix du Cercle Richelieu Senghor ne connaît pas non plus de frontières, et je sais qu’il a récompensé ces dernières années un Libanais, un Polonais, mais aussi des Français, comme vous, sénateur Mikaël Vallet qui avez tant agi pour faire arriver la francophonie dans votre ville de Marennes ! L’Afrique a été à l’honneur à travers la lauréate de la dernière édition, la Malienne et Ivoirienne d’adoption, Roukiatou Hampaté Bâ. Cette grande dame qui perpétue la mémoire du conteur de talent qu’a été son père Amadou et celle d’un patrimoine oral africain dont la richesse et la profondeur sont immenses.

C’est de patrimoine africain qu’il sera question aujourd’hui avec le professeur Mamadou Diouf, Commissaire de cette grande exposition au Musée du Quai Branly, autour de Senghor et les arts.

Léopold Sédar Senghor, qui prête son nom à votre Cercle, est, vous le savez tous, l’un des Pères de la Francophonie institutionnelle. Cette Francophonie, qui a aujourd’hui 52 ans, puise plus que jamais à ses sources senghoriennes. Dès 1968, Senghor évoquait « l’usage de la langue française » comme un « principe incontestable » du mouvement de solidarité francophone qui allait conduire, deux ans après, à la création à Niamey, au Niger, de l’Agence de coopération culturelle et technique, ancêtre de l’OIF.

Dans le sillage de Senghor, j’ai voulu, dès le début de mon premier mandat, que ce « principe incontestable » soit réaffirmé au plus haut niveau et se décline dans l’ensemble des actions de la Francophonie, en mettant en valeur la diversité linguistique et culturelle de notre espace. Car comme vous l’avez si bien dit dans la préface au dernier rapport de notre Observatoire de la langue française, cher Professeur Souleymane Bachir Diagne, la francophonie « reflète le pluriel du monde ».

C’est ainsi que lors du dernier Sommet tenu à Djerba en novembre dernier, les chefs d’État et de gouvernement ont adopté une Déclaration sur la langue française dans la diversité linguistique de la Francophonie qui invite les dirigeants de nos pays à mener une action plus déterminée aux niveaux national et international. 

Mesdames et Messieurs,

La Francophonie n’est pas une simple institution internationale. Elle est, comme le disait Senghor, une philosophie, une vision du monde, une communauté d’esprit et de valeurs mise au service de l’humain, cet « Humanisme intégral qui se tisse autour de la terre… ». Je vous remercie. »

Livre d'Or du 7 février 2023
Le Livre d’Or du 7 février 2023
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