Accueil

Mme Anne MAGNANT, présidente du Cercle Richelieu Senghor de Paris
M. Frédéric BOUILLEUX, directeur de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique, Organisation Internationale de la Francophonie,
M. Xavier NORTH, délégué général à la langue française et aux langues de France, ministère de la culture et de la communication, représenté par Jean-François Baldi, adjoint au délégué général,
Lecture d’un message de M. Alain JOYANDET, secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, par M. Philippe PEJO, conseiller à son cabinet.

 


 

Anne MAGNANT

Mesdames et Messieurs,

Je me réjouis vivement de vous accueillir aujourd’hui aussi nombreux pour ce colloque important. Le Cercle Richelieu Senghor de Paris est une association qui a pour objectif la promotion de la francophonie et souhaite être un acteur du dialogue entre les cultures. Nous nous réunissons tous les mois autour de personnalités éminentes à l’occasion de dîners débats, pour évoquer des sujets liés à la francophonie et tentons d’organiser tous les deux ans des colloques.

Je tiens à remercier la Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France ainsi que l’Organisation Internationale de la Francophonie de leur soutien pour la réalisation de ce colloque et la publication des actes. Je tiens également à remercier le sénateur Jacques LEGENDRE, Président de la Commission des Affaires Culturelles du Sénat, grâce à qui nous pouvons nous réunir dans ce lieu prestigieux, ainsi que Philippe PEJO, conseiller au cabinet d’Alain JOYANDET, secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, pour sa présence.

Depuis longtemps, les membres du Cercle s’interrogent sur les raisons pour lesquelles un nombre si important de pays pour qui le français n’est pas une langue maternelle ou seconde et qui n’ont pas de rapports avec la France liés à l’histoire coloniale, sont aussi nombreux à devenir membres ou membres observateurs de l’OIF, et ce d’autant plus que le français y est bien souvent dépassé par l’anglais et l’allemand dans l’enseignement des langues étrangères. En outre, cette démarche a lieu alors que le français est de moins en moins utilisé dans les organisations internationales et dans les institutions européennes.

A travers ce colloque, nous tenterons de répondre aux questions suivantes

• quel est le sens de ce mouvement vers l’OIF de ces nouveaux adhérents
• comment cette francophonie choisie peut-elle renforcer l’emploi du français
• si cet élargissement a pour objectif la construction d’un mode multipolaire et largement ouvert à la diversité, en quoi peut-on considérer qu’il s’agit là d’une spécificité de la francophonie
• comment mettre en œuvre un projet aussi ambitieux que le travail pour la diversité et la construction d’un mode multipolaire

Ce colloque est réalisé conjointement avec le Biennale de la langue française, qui se tiendra à Sofia du 29 octobre au 1er novembre 2009, et qui a organisé, en préambule, le 29 novembre, un séminaire international sur le thème le français, langue du partage et de l’ouverture en Bulgarie et dans les pays du Sud-est européen.

 


 

Frédéric BOUILLEUX

Le Secrétaire général de la Francophonie, M. Abdou Diouf, m’a chargé de vous dire à quel point il était heureux que le Cercle Richelieu Senghor de Paris ait pris l’initiative d’organiser un colloque sur la place grandissante des pays européens dans l’espace francophone. En effet, il est très attaché à la place de la francophonie au sein de l’espace européen et entretient un partenariat étroit avec les institutions de l’Union Européenne, d’une part, et le Conseil de l’Europe, d’autre part. A l’heure actuelle, quinze pays de l’Union Européenne sont membres, membres associés ou observateurs de la Francophonie. En outre, pour la première fois en 2006, le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie s’est tenu dans un pays européen (à l’exception de la France qui a accueilli le Sommet à deux reprises) à Bucarest.

Au cours des dernières années un grand nombre de pays d’ Europe centrale et orientale ont souhaité rejoindre la Francophonie. En effet, il existe de nombreuses convergences entre l’idéal francophone et l’idéal européen. Le Secrétaire Général de la Francophonie et le Président de la Commission européenne ont eu récemment l’occasion de rappeler ces principes communs que sont la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles et du multilinguisme dans un espace de dialogue et d’échanges. L’unité dans la diversité pourrait être leur devise commune.

Aujourd’hui quinze Etats membres de l’Union européenne appartiennent à la Francophonie.

 


 

Jean-François BALDI

Au nom de la Ministre Madame Christine ALBANEL, je tiens à vous exprimer tout l’intérêt que porte le Ministère de la Culture et la Communication à ce colloque. En effet, la France doit pouvoir évaluer la place et le rôle de la francophonie dans cet ensemble européen. Cette francophonie européenne doit-elle être un espace de solidarité et de dialogue en Europe Peut-elle se doter d’une véritable stratégie d’influence auprès des institutions européennes Peut-elle faciliter les politiques d’aide au développement conduites par l’Union Enfin, peut-elle contribuer à renforcer la place de la langue française au sein de l’Europe Nous espérons que nous trouverons des réponses à ces questions lors de ce colloque.

En tout état de cause, cette nouvelle francophonie ne doit pas se résumer à un club de pays unis par une langue commune. Au contraire, elle doit s’affirmer comme une réalité culturelle et politique incontournable dans toute l’Europe. Madame Christine ALBANEL, souhaite que ce colloque soit un succès, d’autant plus qu’il est organisé à un moment propice, à savoir en fin de présidence française de l’Union Européenne et après le sommet de la francophonie de Québec. La Ministre de la Culture prendra donc connaissance avec un vif intérêt des conclusions de ce colloque.

 


 

Message de M. Alain JOYANDET, Secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, lu par M. Philippe PEJO.

« Madame la Présidente, Mesdames Messieurs, chers amis francophones, permettez-moi de remercier votre prestigieux cercle de son invitation et de l’occasion qui m’est ainsi donnée de vous transmettre ces quelques mots, alors que je suis actuellement retenu avec le Président de la République à la conférence de Doha sur le financement du développement.

Quelques semaines seulement après le Sommet de la Francophonie et avant la clôture de ce passionnant semestre de présidence française de l’Union Européenne, vous avez choisi un sujet de pleine actualité. Le douzième sommet, tenu à Québec en octobre dernier, a été un grand succès en concrétisant des avancées remarquables pour l’avenir de notre espace commun. Je pense naturellement à la promotion et à la défense du français dans le monde, ce qui forme notre socle fondateur. Il en est ainsi de l’heureuse résolution sur la langue française et du renforcement de l’usage du vade-mecum adopté deux ans auparavant à Bucarest. Je tiens à cet égard à rendre hommage à la Roumanie, qui a assuré avec talent la présidence de la francophonie entre les deux sommets.

Je pense aussi au véritable corpus de valeurs que véhicule notre langue commune démocratie et respect des droits de l’homme, diversité culturelle et linguistique, protection de notre planète, fraternité, tolérance et solidarité. Lors du Sommet de Québec, la Francophonie s’est emparée des défis mondiaux, comme les crises financière, alimentaire et environnementale. La Francophonie est ainsi placée au cœur de l’actualité, sans naturellement renier son socle initial. Le sommet de la Francophonie a été le premier forum politique NordSud à aborder la crise financière et a apporté un indispensable soutien au Président Nicolas SARKOZY avant sa rencontre avec George BUSH, sur les positions européennes et initiatives françaises portant sur la réforme du système financier et banquier international.

C’est un forum unique qui représente un tiers des membres des Nations Unies, deux membres du G8 et 800 millions de personnes à travers le monde, agissant en concertation sur des sujets d’intérêt commun, des sujets politiques qui engagent l’avenir de nos sociétés, il en sera ainsi de même lors des prochaines conférences sur le changement climatique, celle de Poznan, qui débute aujourd’hui, et celle de Copenhague, qui est prévue l’année prochaine.

En Europe, près de la moitié des Etats membres de l’Union Européenne appartiennent à la Francophonie, sept comme membres de plein droit, huit comme observateurs. Outre le retour au sein d’une famille dont ils ont toujours fait partie, je crois que, pour la plupart de ces états, l’intérêt principal est l’adhésion à une certaine vision de la mondialisation, qui ne se traduit pas par un monolinguisme ou par une culture unique. La Francophonie favorise la diversité, c’est en quelque sorte sa marque de fabrique.

L’Europe que nous construisons ensemble chaque jour incarne cette diversité. Voilà aussi pourquoi le multilinguisme dans l’Union Européenne est un enjeu majeur. La France travaille avec la Commission pour le promouvoir et souscrit pleinement à l’objectif de faire que chaque citoyen européen parle deux langues, en plus de la sienne. La tenue à Paris en septembre dernier des assises du multilinguisme dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne témoigne de cet engagement, comme je l’ai rappelé à cette occasion.

Dans ce domaine, je rappellerai aussi que, depuis 2003, la Francophonie, avec la Communauté française de Belgique, le Luxembourg et la France, a mis en place le plan pluriannuel pour le français dans l’Union Européenne. Ce plan, qui couvre aujourd’hui 24 pays de l’Union, vise à renforcer les capacités de travail et de négociation en français des diplomates et fonctionnaires européens, et notamment ceux des nouveaux Etats membres. Ce plan s’étend également à des publics de plus en plus variés, par exemple aux journalistes accrédités par l’Union Européenne, ou aux experts et étudiants spécialisés en formation européenne post-universitaire. Lors des journées européennes du développement, qui se sont tenues à Strasbourg, j’ai réuni l’ensemble des francophones présents, afin d’amplifier notre concertation, car je reste convaincu que chaque réunion internationale doit permettre aux francophones de faire entendre leur voix.

Sans cesse, de nouveaux défis se présentent à nous, mesdames et messieurs. Dès lors, la francophonie populaire et moderne est une chance pour la mondialisation afin de l’équilibrer, de la diversifier, bref de l’humaniser. Les valeurs que nous avons en commun, la Francophonie en porte tous les espoirs. La Francophonie est sans nul doute pour la France au sein de l’Europe un vecteur d’avenir. Je vous souhaite de fructueux travaux.»

search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close