De quelle manière se traduit-elle ?

Participent à cette table ronde des étudiants et des jeunes professionnels résidant en France :

Sinisa BUBECK ( Croatie), étudiant : Alliance Française
Eszter LIZAI (Hongrie) , étudiante : Institut Français de gestion
Cristina MARIN (Roumanie) , avocate : Barreau de Paris
Jaroslava PERUNKOVA ( Slovaquie ), assistante de direction : Cité Internationale
Aliki-Myrto PERYSINAKI (Grèce),architecte-ingénieure :Ecole d’architecture de Versailles
Luke SAWICKI (Pologne),étudiant : Institut Français de gestion
Richard ZELENY (République Tchèque ) , étudiant : Cité Internationale

Pour donner un caractère très concret à la question posée, le Cercle Richelieu Senghor a invité 7 jeunes Européens à s’exprimer, 4 étudiants et 3 jeunes professionnels. Leur propos est présenté de manière synthétique, regroupé autour de trois thèmes :

  • Des francophones par choix
  • Dans quelles conditions ces jeunes Européens ont-ils appris le français ?

« J’apprends le français depuis l’âge de 7 ans, grâce à mes parents qui sont professeurs de littérature. Le français reste une langue dominante en Grèce, même si l’espagnol se développe beaucoup depuis quatre ou cinq ans » (Aliki). « Au lycée par choix personnel » ( Cristina , Eszter , Luke ).

Les autres participants l’ont appris plus tard : Richard à l’Institut Français de Prague, Jaroslava est venue à Paris et « a eu la chance d’être accueillie par une famille française ». Elle a par la suite travaillé à l’ambassade de France en Slovaquie et a épousé un Français. Sinisa nous a expliqué que, dans son lycée, il n’y avait pas assez d’élèves candidats au français pour ouvrir une classe ; il s’est inscrit en mars 2008 au cours intensif de l’Alliance Française.

Il s’agit donc de décisions personnelles de la part de ces jeunes Européens et cet échantillon illustre bien la nature de cette nouvelle francophonie, objet du colloque : une francophonie par choix.

  • Quelle était leur motivation de départ ? La profession ou la future profession ?

Jaroslava : « j’ai étudié le français pour m’aider dans ma profession de guide de musées ».

Luke : « je suis étudiant en marketing, une discipline dans laquelle la terminologie est largement anglo-saxonne mais mes études en France pourront effectivement constituer un avantage dans ma vie professionnelle ».

Aliki : « je suis architecte-ingénieure et suis des études de master professionnel. J’ai souhaité approfondir un domaine qui n’est pas très connu en Grèce, à savoir les jardins français ; la France est le lieu idéal pour étudier l’art ou la civilisation. Par exemple, elle possède une bibliographie importante ainsi que des lieux emblématiques pour l’étude des jardins français. En outre, j’ai été étudiante Erasmus à Paris il y a quelques années. Par conséquent, mon choix est également fondé sur mon expérience personnelle. J’ai envie de travailler en France quelque temps et de trouver une institution afin d’effectuer mon doctorat ».

Cristina : « j’ai choisi la France pour son niveau d’excellence en matière d’enseignement juridique ainsi que pour la similarité entre les deux systèmes juridiques français et roumains, tous deux fondés sur le code napoléonien. L’ouverture aux langues étrangères me permet d’avoir dans le droit des affaires un point de vue plus objectif. J’habite en France depuis cinq ans. J’ai poursuivi mes études en France grâce au programme Erasmus. Il existe un programme de bourses mis en place par l’Agence universitaire de la francophonie, dont j’ai grandement apprécié le soutien, notamment au niveau de la documentation et des contacts à avoir en France. J’ai fait de nombreux stages en France. Ma maîtrise et mon DESS m’ont ensuite permis de développer mon activité professionnelle en France. J’ai obtenu le Certification d’Aptitude à la Profession d’Avocat cette année : je suis maintenant inscrite au Barreau de Paris et j’ai le droit de plaider à Paris, c’est une chance inouïe de travailler en France ».

Sinisa : « je souhaite m’inscrire dans une université française pour suivre un deuxième mastère et peut-être m’installer en France ou travailler dans une entreprise française en Croatie »

Richard : « la France est plus avancée que la République Tchèque pour ce qui concerne les transports en commun ; dans ce domaine la France tente toujours de lier l’efficacité technique à l’aspect esthétique, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays. J’aimerais travailler en France ».

Eszter : « je suis étudiante Erasmus à Paris, spécialisée en gestion et diplomatie internationale. J’apprends le français depuis sept ans. Je souhaite améliorer mes compétences linguistiques en français mais nous parlons toujours anglais avec les autres étudiants étrangers, les étudiants français manquent souvent de patience vis-à-vis de ceux qui ne parlent pas très bien leur langue ».
Et la part du plaisir dans le choix ?
L’ensemble des intervenants ont mis l’accent sur la notion de plaisir :

« J’étais attiré avant tout par la beauté de la langue française, j’aimerais travailler en France » (Richard). « J’ai décidé d’étudier à Paris par passion pour cette ville » (Luke). « J’ai appris le français par plaisir au lycée puis à l’université » (Cristina). « J’ai envie de travailler en France » (Aliki). « J’aimerais travailler en France » (Sinisa).

Cependant Eszter a mentionné l’intolérance des français envers ceux qui ne parlent notre langue.
En guise de conclusion
C’est donc en général dans la perspective de leur vie professionnelle que nos jeunes Européens ont fait le choix du français mais l’attrait du français et même le plaisir de l’apprendre jouent un rôle primordial dans ce choix. Nos décideurs en matière de politique de la langue française doivent intégrer la dimension affective et même esthétique dans le choix de ces nouveaux francophones.

Un grand nombre d’entre eux bénéficie d’une bourse Erasmus

Une remarque enfin à l’intention de l’OIF : plusieurs des jeunes invités ne connaissaient pas l’existence de l’Organisation Internationale de la Francophonie et ignoraient que leur pays avait rejoint cette organisation.

Une personne dans la salle : « l’ensemble des intervenants a mis en avant la notion de plaisir dans l’apprentissage de la langue. A mes yeux, elle est fondamentale. Cependant Eszter Lizaï a parlé de l’intolérance des français envers ceux qui ne parlent pas notre langue. Nous devons améliorer notre image et reconnaître les efforts fournis par les étrangers pour parler notre langue aussi bien sinon mieux que nous. En définitive, j’estime que l’apprentissage des langues étrangères passe également par l’amour ».

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