Dr Sami-Paul TAWIL / Quelle francophonie au Liban aujourd’hui ?

Dr Sami-Paul TAWIL, Professeur au Collège de Médecine des Hôpitaux de Paris et Mme Christiane KAMMERMANN, Sénateur des français établis à l’étranger.

Le Liban est le dernier jardin de la francophonie au Moyen Orient.

Monsieur le Ministre, Monsieur le Député, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, Messieurs les Ambassadeurs, Madame la Présidente, Chers Amis,

C’est avec un grand plaisir teinté d’émotion que j’ai organisé cette soirée avec l’aide d’Anne MAGNANT et de Nathalie BROUSSE. Nous vous recevons certes à une conférence-débat sur le Liban, mais aussi, au Liban puisque j’ai tenu à donner à vos tables respectivement le nom de Beyrouth, Tripoli, Sidon, Tyr, Beit-Eddine, les Cèdres…

De tous les pays du monde la France a été le pays qui a manifesté le plus de sollicitude aux malheurs du Liban et qui n’a jamais failli à ces devoirs. On ne peut pas en dire autant de certains autres pays.

Un vieil adage proclame : « On a tous deux pays notre pays et la France ». Mon pays natal qui est le Liban et mon pays adoptif qui est la France sont chevillés en moi dans une dialectique subtile faite d’Amour et de Raison.

Le Liban est beaucoup plus vieux que le pays dessiné par le mandat français : plus qu’un pays c’est une parabole citée 74 fois dans la Bible dont les Cèdres « plantés par Dieu lui-même » sont mentionnés 103 fois dans l’Ancien Testament.

Peut on être insensible à ce pays dont Jérémie proclamait « Abandonne-t-on ce qui vient des neiges du Liban ? »
L’essence du Liban a précédé son existence basée sur la coexistence sans laquelle et ce n’est pas uniquement pour faire une rime riche, le Liban n’aurait pas de sens.

Menacé de dislocation voire de disparition, le Liban minuscule territoire, survit grâce à l’alchimie de 4 millions d’habitants, acculés à mourir mais toujours capables de renaître.

Cette communauté a tissé un réseau avec les 12 millions de libanais d’origine, éparpillés dans le monde : Sao Paolo est la première ville « libanaise » du monde, Dakar compte plus de libanais que de français. Paris, Montréal, New york, Détroit, Caracas, Sidney, Dubaï… comptent des millions de citoyens d’origine libanaise dont les enfants apprennent volontiers le français dans les Alliances Françaises. Le Liban est un des cinq pays fondateurs de la Francophonie conçue en 1970, et organisateur du Sommet de la Francophonie en 2002.Cinq grands hommes d’Etat dont le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Libanais Charles Hélou ont souhaité conserver vivaces les liens qu’une histoire commune avait créés autour d’une langue et d’une culture.

Au Liban le français est un fait culturel et un choix social. Au delà de son ouverture structurelle sur le monde c’est avec la France que le Liban a tissé des liens parmi les plus solides au cours de son histoire contemporaine. Dans un discours prononcé à Beyrouth, Le Général de Gaulle a déclaré en 1941: « Les libanais ont été le seul peuple dont jamais aucun jour le cœur n’a cessé de battre au rythme du cœur de la France ». Il est à noter que le salon du livre français de Beyrouth est le 3ème salon en importance après celui de Paris et de Montréal et que l’apport du Liban à la Francophonie s’enrichit de dizaines d’auteurs qui s’expriment dans la langue de Molière : Salah Stétié (Prix de la francophonie), Amin Maalouf (Prix Goncourt), Andrée Chedid, Georges Schéhadé, Georges Corm, Nadia Tueni, Michel Chiha, Venus Khoury, Alexandre Najjar…

Le Liban compte 1645 écoles qui y enseignent le français et 5 universités accréditées par l’Agence Universitaire de la Francophonie : l’Université libanaise, l’Université St Joseph, l’Université Balamand, l’Université St Esprit Kaslik et l’Université Antonine.

La France a voyagé au Liban et plus largement en Orient dés les Croisades. Mais le terme de « voyage en Orient » fut bien inventé au XIX siècle : Chateaubriand passe comme l’initiateur de ces voyages qui deviennent presque un rituel pour les Romantiques.

Ainsi Lamartine qui caressait toujours le rêve de son voyage au Liban confiait « Ce désir ne s’était jamais éteint en moi : je rêvais toujours d’un voyage en Orient, comme d’un grand acte de ma vie intérieure ».

Aucun pays du Moyen Orient ne peut se targuer d’une telle francophilie : le Liban est bel et bien le dernier jardin de la Francophonie au Moyen-Orient comme l’affirme Sylvie Faddallah. La France a le devoir d’interdire à quiconque de le saccager à nouveau car il est partie intégrante de son patrimoine culturel.

Le Liban peut encore cultiver et exporter les valeurs qui sont toujours les siennes : la passion de la rencontre et du commerce avec l’Autre, la valorisation du travail, la faculté d’adaptation et d’intégration, le respect de l’identité culturelle…

Encore faut-il que l’on empêche les faiseurs de guerre de continuer à sévir car ce sont les bâtisseurs, les journalistes, les libres penseurs, les démocrates et la Paix que l’on assassine au Liban.

J’ai sollicité pour cette conférence, trois personnalités qui n’ont certainement pas besoin d’être présentées, tant leur aura intellectuelle, culturelle et politique est grande.

1- Madame le Sénateur, Christiane KAMMERMANN, Sénateur des français résidant à l’étranger, vous avez passé des années au Liban, parfois dans des conditions dramatiques avec votre mari, brillant ophtalmologue, et vous avez servi le Liban au moment où certains le quittaient.
Je n’aurai certainement pas le temps de décliner toutes vos fonctions. Mais le titre que je souhaite vous décerner ce soir est celui de « La plus libanaise des françaises et la plus française des libanaises ».
2- M. le Député Bernard DEBRE,
L’intérêt que tu portes pour le Liban est certainement génétique, puisque dans ta famille, ton grand-père, Robert DEBRE a été un des piliers de la Faculté Française de Médecine de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, qui fêtera l’année prochaine le 125ème anniversaire de sa fondation.
Quant à ton père, Michel DEBRE, père de la constitution de la 5ème République et fondateur de l’ENA, il a toujours manifesté un intérêt affectif et technique pour le Liban en participant à l’élaboration de son droit constitutionnel.
Quant à toi, « l’homme qui sait tout faire » : la chirurgie dans un des plus prestigieux hôpitaux parisiens, COCHIN. L’humanisme par tes diverses actions et missions dans le monde et la politique où tu n’uses pas de la « langue de bois ».
3- Que dire de Monsieur Salah STETIE, chantre de la francophonie et prix de l’Académie Française et du cercle Richelieu Senghor ?
A l’instar de Léopold Sedar Senghor et de Charles HELOU, Salah STETIE a toujours entretenu une dialectique entre l’écriture, l’humanisme et la diplomatie.
Il a fait briller comme le dit Leopold Senghor « Les lettres françaises dans le firmament de la littérature ».

 


 

Intervention de Mme Christiane KAMMERMANN:

Vous m’avez fait le grand honneur de m’inviter ce soir au colloque ayant pour thème « quelle francophonie au Liban aujourd’hui ».
Je suis tout à la fois heureuse et émue d’être parmi vous afin d’évoquer ce sujet qui m’est cher.

Qu’il me soit permis à cet égard de remercier le Docteur Tawil, apôtre inlassable de la francophonie au Liban qui a eu la magnifique idée de nous réunir aujourd’hui autour de ce passionnant sujet dans le cadre du Cercle Léopold Sedar Senghor.

Toute l’histoire du Liban au confluent des civilisations est placée sous le signe du dialogue des cultures.
Ce pays, terre de brassage et d’échanges, représente une admirable synthèse culturelle.
Propagateur de l’alphabet phénicien et centre de l’édition du monde arabe, le pays du Cèdre a apporté à l’Occident la sensibilité et les spiritualités orientales et a transmis à l’Orient arabe les valeurs de la civilisation occidentale. A l’époque de la mondialisation où tout s’échange et où tout peut devenir objet de commerce, la francophonie s’inscrit à mon sens dans la volonté de donner à la culture, vecteur d’identité et de diversité, une place particulière.
Les francophones sont estimés à 175 millions de personnes à travers le monde, 115 millions d’entre elles parlant un Français courant.
Le Français, 9ème langue la plus parlée au monde est avec l’anglais la seule langue présente sur les cinq continents.
« Ma patrie, c’est la langue française « , disait Jorge Semprun.
C’est en langue française que de nombreux écrivains, poètes, penseurs ou artistes ont exprimé leur art.
C’est  » le fruité » de cette langue qui la distingue des autres.
« Un fruité profond et simple, un diamant brillant de toutes ses facettes… c’est le miracle de la langue française », comme vous le dites si joliment, cher Monsieur Salah Stétié.

Les Libanais ayant toujours été de grands commerçants, la connaissance des langues étrangères est pour eux une pratique courante.
Savez vous qu’il y a probablement dans le monde, en dehors du Liban, au moins autant de Libanais francophones que de Français expatriés, soit autour de 2 millions 400 mille personnes?I. Au Liban, la francophonie est un véritable sujet de débats.

Je commencerai pas rappeler que :
– 51% des Libanais sont uniquement arabophones.
– 45% des Libanais sont partiellement ou entièrement francophones.
– 30% des Libanais sont partiellement ou entièrement anglophones.

Il est à noter que les francophones peuvent être aussi anglophones. (D’où cette différence dans le total du pourcentage).
Des études effectuées en 2000-2001 par la Commission des affaires culturelles du Parlement français démontrent que les vrais bilingues arabe-français représenteraient 28,5 % de la population, alors que les bilingues arabe-anglais seraient 14 %.
Par ailleurs, 73 % des bilingues arabe-français connaîtraient également l’anglais.

Le français serait essentiellement une langue de culture.

Le constat est qu’en dépit d’une légère érosion, la francophonie se porte toujours bien au pays du Cèdre.
Une bonne santé sans doute due à son statut particulier de langue seconde, c’est-à-dire ni langue nationale ni langue étrangère.
« Un concept qui s’applique uniquement à la spécificité libanaise », a signalé Bahjat Rizk, essayiste et attaché culturel auprès de la délégation du Liban à l’Unesco, à Paris.

Cette notion de langue seconde est à resituer dans son contexte historique.

Le français n’a été consacré langue officielle aux côtés de l’arabe que durant la brève période du mandat, cette langue seconde s’est donc propagée grâce à la liberté octroyée par l’État libanais à l’enseignement privé.

Au cours de mes récents déplacements au Liban, j’ai pu recueillir certains témoignages de la société civile francophone et des professionnels du français affirmant que :
– la francophonie est en perte de vitesse
– le nombre d’écoles anglophones augmente et dépassera bientôt les écoles francophones
– le français en tant que langue de travail perd des parts de marché et que les élites au pouvoir sont désormais majoritairement formées dans les pays anglo-saxons.
Il me semble que ce type d’affirmation est biaisé pour les raisons suivantes :
– en dehors des statistiques fournies par le ministère libanais de l’éducation, il n’existe aucune étude sérieuse qui permettent de dresser un tableau cohérent de la francophonie libanaise :
Les nombreuses thèses sur le sujet proposent des statistiques contradictoires et les travaux de recherche véritablement sérieux n’explorent que des domaines limités (la francophonie à l’Université Libanaise, enquête de la Mission Économique sur le français dans les entreprises)
– l’image dévalorisée de la francophonie émane essentiellement de la communauté chrétienne francophone dont le statut d’élite dirigeante est fragilisé par l’évolution démographique (vieillissement des élites francophones et renforcement démographique des populations musulmanes) et par la diaspora.
– Le système politique libanais répartit les postes à responsabilité en fonction de l’origine confessionnelle et non des compétences ce qui ne permet pas toujours aux francophones d’occuper les postes auxquels ils pourraient prétendre de part leur niveau de formation initiale.
– Je dirai aux pourfendeurs de la montée de l’anglophonie qu’ils oublient que le Liban ne peut vivre replié sur lui-même :
Aussi bien en raison de l’instabilité politique du Moyen-Orient (la puissance de la diaspora implique mécaniquement le plurilinguisme des élites) que pour des raisons économiques (l’enfermement dans des relations avec les pays francophones ne permettrait pas de garantir la survie des entreprises) ou pour des raisons liées au rôle culturel du Liban dans le monde arabe (ex : l’édition en arabe au Moyen-Orient est à 80% basée au Liban)

Par ailleurs, le bilinguisme français-arabe ne suffit plus ni pour faire face aux défis économiques mondiaux ni pour permettre à une diaspora de 14 millions de personnes de contribuer au développement du pays.

I. A ce stade de mon intervention, je souhaiterai vous dresser un très bref état des lieux de la francophonie au Liban afin d’en souligner les forces et les fragilités.

Nous sommes en présence d’une puissante communauté francophone dont la solidité repose sur un système éducatif bilingue
Le Liban regroupe l’un des plus vastes réseaux d’institutions d’enseignement francophone au monde.

1 565 écoles du Liban enseignent seulement le français en plus de l’arabe tandis que les écoles du Liban enseignant seulement l’anglais en plus de l’arabe ne sont que 560.

Il est à noter que de nombreuses écoles du Liban enseignent à la fois le français et l’anglais en plus de l’arabe.
Force est de constater que l’anglais progresse de 20% tous les ans.

1) le français au Liban a un statut de langue d’enseignement pour les sciences dans 2694 écoles publiques et privées libanaises pour 77 % des élèves (du préscolaire au secondaire) soit 900 000 élèves et 60 % des étudiants.
L’enseignement du Français mobilise donc environ 25 000 enseignants de français et en français.
En revanche, il est important de préciser qu’aucune statistique ne permet de préciser le nombre des élèves et étudiants des écoles et universités anglophones ayant choisi le français comme première langue étrangère.
2) Je rappelle que la solidité de cette francophonie scolaire et universitaire repose sur :
– un réseau de 33 établissements (conventionnés et homologués) à programmes français qui scolarisent 40 000 élèves
– des universités totalement ou partiellement francophones :
Université Saint Joseph, Université Libanaise, Balamand, USEK, Université des Pères Antonins, Université La Sagesse, Université Arabe de Beyrouth, Université Islamique du Liban soit 90 000 étudiants sur 140 000 au Liban.

A cet égard, je constate que les écoles anglophones ne se développent numériquement qu’à Beyrouth et au Mont Liban.

Ainsi, certaines régions comme le Sud, le Liban-nord et la Bekaa se caractérisent-elles par un quasi monopole de la francophonie scolaire et universitaire.

Abordons maintenant si vous le voulez bien la fragilité de cette francophonie scolaire et universitaire.

Cela tient à plusieurs facteurs :
– l’absence de politique linguistique de l’État libanais malgré l’assise bilingue du système éducatif
– un niveau très inégal de formation initiale et continue des enseignants de français et en français : à l’exception de Beyrouth et du Mont Liban où les titulaires du ministère de l’éducation sont majoritaires, l’enseignement du et en français repose souvent sur des vacataires dont les compétences linguistiques et académiques n’ont pas été vérifiées.
Entre l’excellence de certains établissements privés et le délabrement des écoles publiques, le fossé est grand. Malheureusement, en raison de la crise économique et du coût de la scolarité, les parents se tournent de plus en plus vers les écoles publiques.

Ce qui conduit à une certaine baisse générale du niveau.

Il est urgent d’entreprendre une véritable démocratisation de l’enseignement, en renforçant notamment les écoles publiques afin que le bonheur de partager la langue française ne soit pas réservé aux classes aisées.

Par ailleurs, les départs massifs à la retraite au sein du groupe des titulaires d’ici 2010 mettent en péril la qualité de l’enseignement du et en français
– un environnement culturel francophone très ténu dans les régions les plus isolées, les plus pauvres économiquement ou les plus touchées par les crises politiques : faible taux d’écoute des médias francophones (radio, télévision, presse écrite) ; coût élevé du livre francophone ; faible densité du réseau des bibliothèques.
– le passage entre le français à usage scolaire/universitaire et le français langue de communication au quotidien/ français langue de travail n’est pas suffisamment assuré.

II. Ce tableau de la francophonie au Liban pourrait sembler mitigé, mais cela serait sans prendre en considération la politique volontariste de la coopération franco-libanaise.L’on peut constater que pour les élèves et leurs parents, le français est bien plus qu’une langue ; c’est une véritable somme de valeurs et un passeport pour un avenir meilleur….

(Il est d’ailleurs touchant d’observer que, malgré l’ouverture récente de l’école du Hezbollah et l’existence de plusieurs écoles relevant du mouvement Amal, sans parler des écoles publiques, les familles appartenant à la classe moyenne tiennent à inscrire leurs enfants dans les écoles francophones)
…voici les priorités de l’Ambassade de France au Liban que j’ai pu relever dans le secteur éducatif :
1) la consolidation de l’utilisation du français comme langue d’enseignement du préscolaire au supérieur
• Dans le secteur universitaire : il est à noter l’importance du volet linguistique du Fond de Solidarité Prioritaire intitulé « Rénovation de l’enseignement du français et en français à l’Université Libanaise » 2005-2008.
Pour les universités privées, un appui est apporté par l’Agence Universitaire de la Francophonie sur des conventions signées avec le Service de Coopération et d’action Culturelle.
• Dans le Secteur scolaire : l’accord linguistique signé le 26 juillet 2007 entre notre ambassadeur et le ministre de l’éducation et de l’enseignement supérieur a été mis en œuvre, concernant les enseignants titulaires de français et des disciplines scientifiques exerçant au primaire et au collège.2) Développer les programmes pluriannuels de formation
pour les équipes administratives et pédagogiques des 57 écoles à projet d’établissement.
2) Renforcer à partir du réseau des Centres culturels Français, le maillage du terrain éducatif (secteur privé et secteur publique) pour :
a. Revivifier la francophonie dans les régions les plus isolées.
b. Offrir aux jeunes des activités conçues pour eux (festival du théâtre scolaire, festival du conte, expositions scientifiques, spectacles de marionnettes, ciné-club, concours)
c. Associer l’ensemble des partenaires (ministère de l’éducation, de la culture et jeunesse et sports, municipalités, ONG, parents, société civile en général) à l’amélioration de l’offre francophone et éducative.
A cet égard, l’ambassade de France prépare chaque année un programme dense d’activités pour le mois de la Francophonie en mars.
Par ailleurs, dans le cadre du Protocole jeunesse et sports signé en juillet 2006, notre Ambassade développe des actions de formation des animateurs d’associations sportives ou jeunesse et des échanges de jeunes avec les régions françaises.
La perspective de l’organisation des Jeux de la Francophonie 2009 à Beyrouth donnera l’occasion de mobiliser la jeunesse libanaise sur la préparation des épreuves sportives et culturelles.
La réalisation de ces objectifs repose essentiellement sur l’activité de 11 conseillers pédagogiques français répartis sur l’ensemble du territoire (2 dans le nord, 2 dans la Bekaa, 1 dans le Chouf, 3 dans le sud et 3 sur Beyrouth et ses environs).
3) Dans le domaine universitaire, priorité a été donnée à la formation initiale des futurs enseignants
Ce volet Fond de solidarité prioritaire (FSP) à l’Université Libanaise est celui qui bénéficie des investissements les plus lourds (2/3 des 3, 2 millions d’euros du FSP)Le secteur culturel contribue fortement à la consolidation de la francophonie au Liban.
Il s’appuie sur Neuf Centres culturels Français répartis sur l’ensemble du territoire, tous porteurs d’une offre culturelle diversifiée et d’un réseau de médiathèques.

Les objectifs culturels tendent à développer une coopération audiovisuelle défendant la culture francophone, à appuyer la professionnalisation de ce secteur et à promouvoir l’exportation des productions françaises.

A titre d’exemple le Bureau du Livre du Service de coopération et d’action culturelle (SCAC) a pour mission de coopérer avec les professionnels de la chaîne du livre au Liban et de promouvoir la lecture.

Cela se traduit par une aide aux libraires comme la création d’événements (salon annuel du livre francophone), par un appui au développement des bibliothèques publiques dans le cadre du Fond de Solidarité Prioritaire, de lecture publique et enfin par une aide aux éditeurs francophones (programme d’aide à la publication « Georges Schéhadé »‘)

Les chiffres sont très parlants quant à l’état des publications :
Journaux, magazines, revues techniques, de cinéma, télé, mode, littérature, vendus dans les librairies :
157 titres sont publiés en arabe
147 titres sont publiés en Français
160 titres sont publiés En anglais

Quant aux les lecteurs, voici le panorama que l’on peut dresser :
– 35% de Libanais lisent en arabe uniquement.
– 54% de Libanais lisent en français.
-14% des Libanais lisent en anglais.
– 14% des Libanais ne lisent jamais.

Les éditeurs libanais pensent qu’une réelle amélioration de la vente des livres en arabe et en français pourrait être obtenue si une véritable collaboration s’établissait entre la France et le Liban pour la traduction des meilleurs ouvrages de chacun de ces pays.
Une autre difficulté réside dans l’absence d’une structure de diffusion dans les pays francophones qui permette par exemple aux éditeurs libanais d’exporter vers le Maroc, la Tunisie, sans être obligés de passer par la France.

Toutefois, cela n’a pas empêché le Liban d’être classé 12e exportateur de livre en français selon une étude réalisée par « Livre Hebdo » en 2007.

Par ailleurs, le Liban a été retenu en 2009, par l’Unesco comme la capitale mondiale du livre. Le jury a tenu à souligner l’importance de Beyrouth comme un lieu privilégié « de diversité culturelle de dialogue et de tolérance ».

Comme nous parlons du rôle déterminant que joue le livre dans la francophonie au Liban, je saisis l’occasion qui m’est donnée de saluer l’initiative de la mission culturelle de l’ambassade de France au Liban qui. a organisé une journée professionnelle franco-libanaise sur le livre et l’édition le 4 février 2007, à l’École Supérieure des Affaires (ESA).

Je citerai également le Sénat, qui à l’occasion de la quinzaine de la francophonie, a remis le Prix France-Liban 2006 à la poétesse libanaise Georgia Makhlouf. Concernant la télévision

Comme vous le savez certainement, un accord a été signé entre le Liban et la France pour diffuser au Liban les images de TV5 Monde sur une chaîne Télé Liban exclusivement française.

Les chaînes arabes au Liban ont acheté à la France des émissions télévisions à succès, il s’agit en l’occurrence d’ »Un gars, une fille » devenu « Adam W Hawa » et « Tout le monde en parle » transformé en « Chako Mako ».

Les chaînes se sont précipitées pour acquérir ces nouveaux formats, gageant sur leur réussite en France.
Futur TV a remporté la mise pour « Adam W Hawa ».
« Chako Mako » a suivi sur la New TV en mars 2006.

Ces deux programmes, qui vont se poursuivre, ont remporté un franc succès dans le monde arabe, si bien que d’autres adaptations devraient déferler d’ici quelques mois dans les petites lucarnes du monde arabe :

Taratata (conçu par Nagui) a déjà été acheté par Dubaï TV et pourrait aussi être diffusé sur une chaîne locale au Liban. Avant de conclure, je souhaiterai rendre hommage aux innombrables sociétés et associations culturelles qui couvrent tous les domaines de la pensée et du patrimoine national, des sciences politiques à l’archéologie en passant par l’écriture sous toutes ses formes.Nous avons pu constater que le Français est un élément déterminant de l’identité libanaise qui ne demande qu’à être dynamisé.Les nombreux poètes et écrivains de langue française très connus comme
Mme Nadia Tuéni (poète) décédée en 1983.

Prix de l’Académie Française (1973), Nadia Tuéni est un auteur libanais d’expression française reconnue « pour une poésie qui porte en elle les rythmes, les visions, la somptuosité du vers arabe ».

Fille d’un diplomate et écrivain de religion druze, et d’une mère française, elle était bilingue et se réclamait ainsi naturellement de deux cultures.

M.Salah Stétié (écrivain et poète).

Je vous salue, Monsieur, vous vivez enFrance, et vous êtes commandeur de la Légion d’Honneur.
Vous venez de recevoir le Grand Prix International de Poésie 2007 à l’issue de la 25ème Biennale Internationale de Poésie qui s’est tenue au Palais des Congrès de Liège, en Belgique, du 4 au 7 octobre 2007.
Mme Venus Gatta Khoury (poète) qui vit également en France depuis 25 ans.
M.Amine Maalouf (écrivain) Prix Goncourt en 1995, candidat à l’Académie française
le prouvent, parmi tant d’autres.

La francophonie au Liban représente un pari humaniste pour l’enrichissement culturel et personnel de chacun.
Le dialogue mondial et régional ne suffisant plus à maintenir la paix dans le monde, il faudrait comme l’a suggéré Léopold Sedar Senghor mettre en œuvre un troisième dialogue : le dialogue interculturel.

La Francophonie, de par la composition de ces membres offre tout particulièrement une des rares possibilités de maintenir et de développer le dialogue entre le Nord et le Sud, entre l’Occident et les mondes arabes et musulmans.
Car il existe concernant le Français des attentes et des demandes très fortes de la part de nos partenaires, nous devons naturellement y répondre.

La francophonie peut servir un véritable dialogue entre les cultures, non dans une logique défensive, mais dans une logique de proposition et c’est dans cet état d’esprit que la francophonie doit perdurer au Liban.
Personnellement, je suis très optimiste quant à l’avenir de la francophonie au Liban…le magnifique et tellement attachant pays du Cèdre.

Je vous remercie.

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